Le Fardeau du Choix Infini : Comment le progrès nous a volé le bonheur simple

 

On me l'a assez dit : on vit l'âge d'or. La médecine avance, les transports sont supersoniques, et on peut commander des sushis à six heures du matin sans bouger du divan. 

Logiquement, on devrait tous.tes être en train de faire la fête, les mains pleines de confettis et la tête légère.
Pourtant, le Bonheur, cette créature mythique, selon certaines gentilles gens de mon entourage, c’est plus difficile à trouver qu'un rabais à la vente d'après-Noël. 

D’ailleurs, comme me l’a déjà demandé Georges (mon ami imaginaire), qu'est-ce qui le définit, ce maudit bonheur, à notre époque où tout est mesurable, quantifiable, et surtout, disponible sur Instagram? (Faudrait que je m’y mette pour exposer ma vie plus qu’imparfaite!)

La tyrannie du Succès Visible

Jadis, le bonheur, c'était simple. Une bonne récolte. Une cheminée qui tire bien. Ne pas se faire dévorer par les loups.

Aujourd'hui, on ne se contente plus de ne pas se faire dévorer; il faut que les loups soient tenus à distance par un mur de verre design, pendant qu'on publie une story en train de siroter un café à l’avoine latté bio certifié sans gluten. Le bonheur moderne est avant tout une performance.

Le Bonheur selon le Capitalisme 

Ce n'est plus un état d'âme, mais une liste d'acquisitions. Le bonheur, c'est ce que vous avez, mais surtout, ce que vos voisins n'ont pas (encore). Une cuisine digne d'un magazine. Un passeport plein de tampons exotiques. Et le comble du succès: être si chill qu'on prétend que la possession de ces biens n'a aucune importance pour nous. C'est la course à l'armement du bien-être: il faut surpasser la sérénité du collègue.

L'Épuisement de l'Option

Le progrès technologique nous a donné un pouvoir divin: le choix infini. Et c'est là que le bonheur s'est échoué.

Dans les années 80, le choix était simple: deux ou trois chaînes de télévision, une seule marque de yogourt nature, et le travail, c'était le travail. Aujourd'hui, on passe notre vendredi soir à paralyser devant un catalogue de 12 000 films, à comparer 47 parfums de yogourt à la grecque, et à se demander si notre carrière actuelle est vraiment alignée sur la meilleure version de nous-même.

La Peur de la Mauvaise Décision :

On n'est plus malheureux parce qu'on manque de quelque chose, mais parce qu'on est terrifié d'avoir choisi le mauvais quelque chose. Est-ce que ce film était vraiment le plus relaxant? Est-ce que cette saveur de yogourt maximisait ma joie de vivre? Notre époque a transformé la simplicité en paresse, et la paix en échec personnel. Le bonheur est devenu le fardeau d'avoir le droit de tout gâcher avec ses propres choix.

L'Authenticité, Cette Farce Subtile

La dernière définition du bonheur, la plus insidieuse, c'est l'authenticité. Il faut être vrai, sans filtre, lâcher son fou... mais juste assez pour que ce soit instagrammable.

On nous encourage à débrancher, à se détoxifier des réseaux, à embrasser nos faiblesses. Sauf que cette vraie vie, on doit l'emballer dans une esthétique parfaite de chalet rustique, de road trip en van aménagée, et de rires forcés autour d'un feu de camp.
Le bonheur véritable, celui qui n'a pas besoin d'être documenté, c'est peut-être la seule chose que notre époque n'a pas encore réussi à monétiser. Et par conséquent, elle le trouve suspect.

Alors, qu'est-ce qui définit le bonheur à notre époque?

Peut-être une chose simple: ne pas avoir à y penser. Le vrai bonheur, c'est comme mon chien Gucci: il est assis sur la pile de nos problèmes (nos courriels, nos factures) avec un air totalement blasé, parce qu'il n'a pas à se soucier de l'authenticité de son existence. Il existe, c'est tout.

Et nous, nous sommes la souris qui court après l'ombre du chat, en se demandant pourquoi on n'est pas aussi bien dans notre peau que cet animal qui ne câlisse rien de ses objectifs de vie.