La dégringolade du temps et le Droit de dire c'est assez
Le temps, dit-on, guérit. C’est du niaisage. Le temps, c’est un osti d'voleur. Il ne guérit rien, il démolit. Lentement, mais solidement. Les saisons, c'est son gros kit pour nous endormir. Printemps, été, automne, hiver… c’est une grosse farce pour cacher la seule affaire qui compte: on va toute scraper. Notre corps, c'est pas un palais, c'est une vieille bagnole. Ça avance, ça roule, ça fait du bruit, pis chaque cliquetis, c'est une seconde de moins. Vieillir, c'est d'même, mais l’expérience, tabarnouche, c'est un drame personnel, tantôt ben beau, tantôt vraiment plate.
Il y a pourtant ces petits miracles, ces vieux chênes qui ont du ressort. Ils ont mangé de la gadoue en masse et n'ont pas lâché leur fou. Pour ces êtres-là, l’automne, c’est juste une belle robe de couleurs. Le corps, peut-être pas vite-vite, mais il est solide, une belle planche de bois franc, qui tient la route. C’est la sagesse du bon p’tit vieux, celle que chantait Félix: simple, de bonne heure, une bénédiction sans flaflas. La vie persiste là, comme l'odeur du sirop d'érable qui vient de bouillir, pis ça leur permet de finir ça non par une grosse béquille, mais par une finale tranquille, où le dernier souffle, c’est l’accord final d’une toune bien jouée.
Après ça, y a l'autre vérité, la maudite vérité qu'on veut pas voir: la viande qui te lâche. T'as beau avoir le feu dans la tête, ton corps, lui, c'est rendu des roches, un gros tas de vidanges. La souffrance, c'est pas juste mal, c'est la grande blague de l'univers. Ça t’enlève ton petit change, un par un, comme on épluche un oignon, jusqu’à t'humilier à mort. Une vie où t'es juste pogné.e à te battre pour respirer ou pour dormir. Là, on jaspe pus de saison, on parle d'une crise de panne, une machine finie que t'es obligé.e de voir tourner en fumant.
Face à c’t'affaire-là, le droit de s'en aller, c’est pas de la défaite, c’est le dernier gros coup. C'est de prendre le gros boutte du bâton. Quand la souffrance t'a volé toutes tes affaires, il te reste celle-là: le droit de choisir ta dernière bordée, le droit de clancher la porte. On demande pas la charité, on exige le droit d’être son propre chef, de s'arranger avec son gars, de pas laisser le mal décider du dessert. Faut comprendre que la vie, c'est pas juste le cœur qui bat, c'est surtout d'avoir de l'allure, d'être conscient, pis d'avoir le choix.
Le droit de partir, c’est pas un sacrilège contre la vie. C’est un maudit beau respect pour la personne. Le corps, il appartient à la terre, mais le dernier mot, il appartient à l'âme, pis ça, c’est important en ta.



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