L’Élégance du vent de Face

 Pour Liam, pour les funambules du quotidien qui traversent la tempête sans filet.  Pour ceux et celles qui font de la magie avec des cennes noires. Pis surtout pour toi, l’amie, qui tiens le fort même quand vos murs tremblent… 

Y’a une sorte de noblesse invisible chez ceux qui tiennent leur boutte quand y fait frette en dedans. On est pognés dans une époque qui ressemble à un maudit tannant, une grosse bébête à sept têtes qui nous laisse la broue dans le toupet à jongler avec l’impossible. La vie d’asteure a le culot de nous demander d’être des superhéros quand on est juste du bon monde qui essaie de pas virer sur le capot.

À vous toustes qui charriez des montagnes sur vos épaules, sachez que votre fatigue n’est pas gênante, elle est vaillante. Je vous vois aller. Vous êtes les draveurs du gros bon sens. Vous marchez sur des pitounes glissantes en plein milieu d’un bouillon de rivière, à chercher l’équilibre quand tout veut vous sacrer à l’eau. C’est une bataille de tous les instants entre le compte d’Hydro ou l’école pis l’insomnie de trois heures du matin, mais regardez vous donc, vous êtes pas faits en chocolat.

Y’a du Félix (Leclerc) dans vos bottes à tuyau. Vous avez l’entêtement de l’épinette noire qui refuse de casser sous le verglas et la patience de la roche qui use la rivière. Vous avez le tour de pas vous enfarger dans les fleurs du tapis même quand le tapis glisse. Oubliez pas que le trouble c’est juste de l’écume, la vérité c’est votre capacité à attacher votre tuque avec de la broche et d’avancer face au ventet. L’hiver n’a jamais été capable d’empêcher le printemps de revenir.

Faque calez ce jeudi là comme un grand verre d’eau frette de source. Baissez pas les yeux devant le train train qui déraille. Au contraire plantez vous là avec votre panache pis dites y drette dans les yeux que vous êtes encore debouts. C’est pas parce qu’on tire le diable par la queue que la musique doit arrêter de jouer. Lâchez pas la patate mes braves, la beauté du monde tient juste par un fil pis c’est vous autres qui le tenez.