L'Éveil par le cathéter: Le Sens de l'Humour fécal de l'Univers

 

L'harmonie perdue: Le choc du Blocage Énergétique (Qi)

Dans la noble quête d'aligner son existence sur le Tao, le sage aspire à l'écoulement sans effort, à l'harmonie des fluides et des formes. Hélas, ce principe fut brutalement rompu par une intervention extérieure : la Lutte-Prise-par-Derrière (Beizhan), manœuvre infâme qui non seulement froissa l'honneur, mais fractura l'alignement sacré du rachis.

Le véritable scandale, cependant, n'est pas le geste de la Rachidienne -niaise, mais le verdict du Grand Juge Cosmique. Car au lieu de châtier le félon, c'est à moi, le réceptacle passif de la trahison, qu'est échue la sentence la plus absurde: la servitude à mon propre corps. L'univers, dans un éclair de sans génie suprême, m'a transformée en mon propre esclave d'entretien.

La discipline de la Plomberie Spirituelle

Quelle est cette doctrine ascétique, imposée sans mon consentement? C'est l'exigence d'une pratique ascétique quotidienne de la plus haute vulgarité. Le grand cycle de la digestion, autrefois affaire privée, requiert désormais une intervention manuelle et méthodique, une Vidange du Vide pour laquelle mes deux mains, naguère dévolues à des tâches plus éthérées, sont devenues les instruments d'une plomberie intime.

Ceci n'est pas la méditation; c'est une corvée de concierge. L'Éveil promis se résume à la connaissance forcée de l'anatomie rectale, une connaissance absolue que personne n'a jamais souhaitée.

On me force à réaliser la plus sombre des vérités: suis la preuve vivante que l'univers a un sens de l'humour fécal. Ce n'est pas une punition; c'est une moquerie divine.

La quête du Flux (et du cathéter)

Comme si l'humiliation intestinale ne suffisait point, le système urologique, dans une solidarité que je qualifierais de collusion karmique, a lui aussi décrété l'état d'urgence. Pour restaurer le Flux du Fleuve Intérieur (He Qi), il me faut m'adonner chaque jour au rituel du Second Voile de l'Illusion: l'insertion forcée du cathéter.

C'est la preuve que l'on m'a poignardé dans le dos, mais que l'univers m'a collé la facture du plombier. L'injustice est désormais codifiée: «Se faire botter dans le dos» est désormais le nouveau terme branché pour «devoir se curer l'anus quotidiennement».

Le salut par le sarcasme

Face à cette condamnation aux travaux forcés corporels, le seul rempart qui me reste est l'adoption du Grand Rire, l'art de ricaner de sa propre misère avec une dignité mal placée. Je suis une victime, oui, mais une victime qui gère ses fluides avec une expertise forcée.

Ma seule richesse réside dans l'intégrité fonctionnelle de ces deux mains qui, contre toute attente, assurent la maintenance. Elles sont mon temple, ma prison, mon outil de survie.

Mais si le destin insiste pour me faire payer l'addition des autres, la seule issue logique est la démission pure et simple du jeu: la prochaine fois qu'on me trahit, je prends un ticket d'autobus... pour un changement d'identité.

Conclusion: ai reçu l'affront, mais c'est moi qui ai été condamnée au régime de la brosse et du tuyau. Le Tao n'est pas une harmonie; c'est un dysfonctionnement chronique.